Cette phrase, par exemple, qui lorsque je l'ai lue m'a comblé d'aise :
« Un jour, j'ai assis la beauté sur mes genoux. Et je l'ai injuriée ». Je vérifie.
En fait, Rimbaud avait écrit : « Un soir, j'ai assis la Beauté sur mes genoux
– Et je l'ai trouvée amère. – Et je l'ai injuriée. » La première fois que j'ai
lu cela, je m'en souviens, j'imaginais, assise sur ses genoux - ou les miens -
une immense statue de marbre dans un pur style grec - Mars par exemple -
toute blanche et très lourde, un peu grassouillette - et sur mes genoux, donc,
en robe légère. L'amertume ? Entre ses jambes, sans doute, « où s'ouvraient
tous les coeurs, où tous les vins coulaient ». J'imaginais, pourtant, que nul
ne lui avait demandé de s'asseoir là, cette écrasante Beauté.


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